Statistiques

Date de création : 28.01.2011
Dernière mise à jour : 31.10.2016
1377 articles


Images
Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· COEUR TRES CHASTE DE SAINT JOSEPH (13)
· EXORCISME DE S.S. LE PAPE LEON XIII (1)
· NEUVAINE A SAINTE RITA (1)
· LES SERMONS DU PAUVRE CURE D'ARS (77)
· SAINT YVES (3)
· PRIERES A NOTRE DAME DES ROSES (2)
· PRIERES MYSTIQUES (11)
· PRIERES DE PROTECTION (13)
· ROSA MYSTICA (2)
· CANON DE SAINT PATRICK (1)

Rechercher
Derniers commentaires

SAINT MEINRAD

Publié le 31/10/2016 à 08:30 par sandamiano Tags : saint Meinrad
SAINT MEINRAD

Issu d’une puissante et illustre famille de la Souabe, Meinrad naquit en 797. Son père, un seigneur du nom de Berthold, était allié aux Hohenzollern. Confié tout enfant par ses pieux parents aux Bénédictins de l’abbaye de Reicheneau, le jeune saint se fit religieux dans le monastère où il avait reçu son éducation et y fut d’abord employé lui-même à instruire la jeunesse. Mais, au bout de quelque temps, il obtint de ses supérieurs la permission de mener la vie de solitaire et se retira dans une forêt de la Souabe.

En traversant la forêt, il rencontra un nid de corbeau dans lequel se trouvaient deux petits. Résolu d’en faire ses compagnons, il les prit doucement dans un coin de son manteau et les emporta avec lui dans la cellule qu’il se construisit non loin de là, près de la rivière de Shil. Il les éleva avec beaucoup de soin et les eut bientôt apprivoisés.

 Sa cellule était à ses yeux la demeure la plus belle, la plus agréable du monde. Soit qu’il se prosternait la face contre terre pour adorer son souverain Maître, soit qu’il se promenât dans son étroit vallon, livré à de saintes méditations, soit qu’il s’assît au seuil de sa cabane, un livre pieux sur les genoux, tandis que ses deux corbeaux jouaient autour de lui et venaient se reposer familièrement sur ses épaules, Meinrad était heureux. »

D’ailleurs il exerçait sur la nature l’empire souverain que le premier homme avait avant sa déchéance. Au moins signe de sa main, les aigles et les ours accouraient plein de douceur auprès de lui, ou se retiraient pour ne point troubler ses prières. Quand les roches grises du Mythen et les glaciers de Glarnisch commençaient à s’illuminer des premiers rayons du soleil, quand les feuilles humides frissonnaient sous l’haleine du matin, la voix du solitaire s’élevait grave et sainte dans le silence ; aussitôt lui répondaient le merle caché dans les sapins, le pinson perché sur la cime des hêtres, le rouge-gorge se balançant sur la branche du mélèze, et, pendant que ce pur concert s’élevait vers le ciel, chaque plante offrait ses parfums, la forêt encensait Dieu de ses vapeurs embaumées.

La sainteté du solitaire, affirmée par de nombreux miracles, n’avait pas tardé à lui attirer des admirateurs, et bientôt ce fut un concours extraordinaire de pèlerins autour de sa cellule. Les malheureux venaient chercher près de lui des consolations et des conseils, les riches lui apportaient de nombreuses offrandes qu’il s’empressait de distribuer aux pauvres, et il était la providence de toute la contrée.

Ecoutons maintenant le savant historien Dom Brandes, qui va nous raconter comment notre saint fût lâchement assassiné par deux malfaiteurs et vengé par ses fidèles corbeaux :

« Il y avait vingt cinq ans que Meinrad se préparait à la mort dans la solitude. Deux hommes, l’un né dans le pays des Grisons et qui s’appelait Pierre, l’autre né en Souabe, qui s’appelait Richard, résolurent de l’assassiner pour avoir ses trésors, croyant qu’il conservait, au lieu de les distribuer aux pauvres, les riches présents qu’il recevait tous les jours. Ils se donnèrent rendez-vous non loin du lac de Zurich, dans une auberge d’Endigen, où plus tard fût bâti Rapperwil, et ils y passèrent la nuit.

Au point du jour, ils prirent le chemin de l’Etzel, et se dirigèrent vers la forêt. C’était le 21 janvier 861. Pendant longtemps ils errèrent à travers les bois, car la neige couvrait tous les sentiers. Cependant le démon, qui leur avait inspiré leur fatal projet, les conduisit enfin en face de l’ermitage. A leur approche, les deux corbeaux de Meinrad poussèrent des cris perçants, et, comme s’ils avaient eu le sentiment du crime que méditaient les deux brigands, ils se mirent à voleter autour de la cabane avec tous les signes de la frayeur, tellement que les meurtriers, ainsi qu’ils l’avouèrent plus tard, furent très surpris de les voir et eurent un pressentiment qu’il y avait quelque chose de merveilleux et de providentiel dans cette conduite extraordinaire des deux oiseaux.

Cependant les deux assassins persistèrent dans leur projet et arrivèrent à la porte de la chapelle. Le jour était déjà un peu avancé, le Saint, selon sa pieuse coutume, avait passé une grande partie de la matinée en prières et en méditations ; il avait célébré la messe devant l’image de la Vierge, et Dieu lui avait révélé que le moment de sa mort était venu ; alors il prit le corps de Jésus-Christ comme le viatique du mourant, et, dans une sainte extase, il remercia Dieu de la grâce qu’il lui accordait ; il se recommanda à Marie et aux Saints, puis il pria pour ses deux meurtriers.

Ceux-ci, pendant ce temps, le regardaient par une fente de la cloison. Ils frappèrent à la porte ; Meinrad se leva, alla leur ouvrir, les reçut avec une bonté cordiale et leur dit : « Mes amis, si vous étiez venus plus tôt, vous auriez pu assister à la sainte messe. Entrez et priez Dieu et les Saints de vous bénir. Venez dans ma cellule, je partagerai avec vous les petites provisions que j’ai encore ; vous accomplirez ensuite le projet qui vous a amenés près de moi. »

Les meurtriers entrèrent quelques minutes dans la chapelle ; puis, comme s’ils craignaient de voir échapper leur victime, ils s’élancèrent dans la cellule. Meinrad vint au devant d’eux, le sourire sur les lèvres, et leur offrant les mets frugaux dont ils pouvaient disposer. Alors donnant à l’un son manteau et à l’autre sa tunique : « Recevez ceci, leur dit-il, comme souvenir de moi, et quand vos desseins seront accomplis, vous prendrez tout ce que vous voudrez. Je sais que vous êtes venus pour me mettre à mort. Quand vous m’aurez tué, placez ces deux cierges que j’ai préparés exprès, l’un à ma tête, l’autre à mes pieds, et fuyez au plus vite pour ne pas être arrêtés par ceux qui viennent me voir et qui vous feraient expier votre crime. »

Insensibles à tant de bonté et de charité, les monstres saisissent le Saint et le frappent à coups de masse redoublés sur la tête. Meinrad tombe, respirant encore ; les meurtriers l’achèvent sans pitié ; Au moment où le dernier souffle s’exhale de son corps meurtri, un parfum plus suave que l’odeur de l’encens se répand dans toute la cellule, et cette âme si belle, si pure, portée sur les ailes des anges, s’élance dans le sein du Très-Haut.

Leur forfait achevé, les deux brigands dépouillent leur victime de ses vêtements ; ils étendent son cadavre sur un lit d’herbes sèches au coin de la cellule, le recouvrent d’une toile grossière et d’une natte de joncs ; puis, plaçant l’un des cierges à la tête, ils vont allumer l’autre à la lampe de la chapelle, qui brûlait toujours à côté de l’autel. Quand ils revinrent à la cellule, le cierge qu’ils avaient laissé sans flamme auprès du cadavre était allumé et brûlait. Une crainte subite les saisit, et ils prennent précipitamment la fuite.

Les deux fidèles corbeaux se mettent alors à leur poursuite et remplissent la forêt de leurs cris menaçants. Comme s’ils avaient mission de venger la mort de leur bienfaiteur, ils s’élancent sur la tête des meurtriers et tâchent de leur crever leurs yeux. Toujours poursuivis et de plus en plus effrayés, ceux-ci passent à Wollereau, où ils rencontrèrent un charpentier qui le premier avait visité Meinrad et qui avait avec lui des relations amicales très suivies.

Le charpentier, reconnaissant les corbeaux de son père spirituel, pressent un malheur, et tandis qu’il recommande à son frère de ne pas perdre la trace de ces deux hommes qui fuient devant les corbeaux, il court lui-même à l’ermitage de la forêt, où il trouve le cadavre sanglant du Saint. Le cierge qui brûlait à ses pieds avait fini par mettre le feu à la natte, mais la flamme s’arrêta subitement dès qu’elle atteignit le corps.

Remis de son premier mouvement d’horreur, le charpentier revient en toute hâte à Wollereau, où il répand la nouvelle du meurtre de Saint Meinrad.  Il charge son épouse et plusieurs de ses amis d’aller veiller auprès du cadavre, et lui-même se dirige vers Zurich à la poursuite des assassins. Il ne tarda pas à les trouver ; les cris furieux des deux corbeaux qui voletaient devant les fenêtres d’une maison et frappaient les vitres à coups de bec pour qu’on leur ouvrît, lui indiquèrent le lieu où se cachaient les fuyards. Il entre et aussitôt reconnaît les deux assassins. En un instant, ils sont saisis et livrés à la justice.

Leurs aveux firent connaître les circonstances qui avaient précédé et accompagné la mort du Saint. Le comte Adalbert les fit condamner à mort par les tribunaux du district. Ils furent roués et brûlés, et on jeta leurs cendres dans la Limmat.

Les deux corbeaux, après le supplice des meurtriers, reprirent leur vol vers la forêt. L’auberge où furent pris les malfaiteurs porta dès cette époque pour enseigne : Aux deux corbeaux.Depuis peu de temps seulement, elle a changé son nom historique en celui d’Hôtel Bilharz.

 

Extrait du livre « Les Saints et les animaux » d’Henri BOURGEOIS.